Un griffon à Montfrault

La destruction du château de Montfrault, en 1778, produisit une quantité énorme de matériaux dont l’utilisation projetée était le réemploi « tant au pavillon du garde qu’aux ouvrages à faire à Chambord ».

Dessin à la mine de plomb. A.N. O 1 1318.

Le surplus de la récupération fut dispersé sur les pentes, un peu à l’est, beaucoup à l’ouest, et pratiquement jusqu’à l’étang de la Fontaine dont la rive la plus proche est à 150 mètres du site de l’ancien château. Le site même fut recouvert de terre et converti en pré.

Entre autres, par les sangliers.

Les déblais, outre fragments de tuiles, d’ardoises épaisses, livrent un peu de céramique, en tessons de poterie et en carrelage.

 

Déjà, en 1938, Robert Houdin, le blésois bien connu , s'alarme à propos de carrelages retrouvés à cet endroit.

" 13 décembre 1938: lettre de Robert Houdin à Maurice Lotte sur des découvertes à Montfrault : « Mon cher confrère, on me signale que dans le domaine de Chambord sur l’emplacement de l’ancien château de Montfrault, un ouvrier a découvert quelques carrelages anciens et semblant intéressants. Je me suis immédiatement rendu sur place et j’ai fais quelques sondages qui m’ont permis de mettre à jour dans un champs des carreaux de terre cuite extrêmement grossiers en terre du pays, mais dont certains sont recouverts d’un émail cuit au four, dont les teintes varient mais sont principalement vertes, jaunes et noires. D’autres carreaux ont encore quelques traces de dessin. Ces carreaux ont des dimensions très variables mais dont la moyenne est d’environ 9 x 9 et l’épaisseur 23 à 24 mm. Je viens vous demander si vous voyez un inconvénient à ce que je continue les fouilles et, si des carreaux intéressants sont à nouveau découverts, que je les fasse reconstituer sur des panneaux dans une des salles du château de Chambord. Je me mettrai naturellement au préalable d’accord avec l’Administration des Domaines. Croyez cher confrère à l’assurance de mes sentiments les meilleurs. » Archives Départementales, fond Robert Houdin.
23 décembre 1938 : Maurice Lotte écrit à M Robert Houdin : « Mon cher confrère, j’ai bien reçu votre lettre du 13 décembre et suis d’accord pour que vous continuiez les fouilles à l’emplacement de l’ancien château de Montfrault, en vue de la découverte de carrelages intéressants. » Archives Départementales, fond Robert Houdin."

Je tiens le contenu de ces lettres de Denis Grandemenge, conservateur des collections du Château de Chambord. Il me signale que ces carreaux, que Robert Houdin, destinait au château, n'ont pas été retrouvés.

20 mars 2010

 

 

Ces carrelages sont assez souvent peints, émaillés pour quelques-uns par trempage dans un bain (toutes les faces en ont des traces).

Les dimensions reconnues sont 12,5 au carré par 2,2 cm ; 9,5 au carré, même épaisseur. Ces mesures ne sont pas régulières et peuvent varier de 2 à 3 mm.

Les teintes sont variables : ocre clair, jaune pâle, divers marrons, gris foncé, vert. L’un d’eux porte des stries, faites sur pâte crue, dont on ne sait si elles sont volontaires.

 

Plusieurs fragments comportent un cadre périphérique fait d’une double bande jaune pâle en cadrant une bande ocre, avec un fond ocre lui aussi. Parmi ces derniers, un carreau presque entier figure un animal mythique, l’avant tel celui d’un oiseau de proie, l’arrière de lion ou de léopard : un griffon.

Trouvé par Jean-Paul Perdriel, agent forestier.

Donner une limite au dessin d’origine se heurte à l’imprécision de diverses taches, et aux manques des plages écaillées. Par exemple, il semble que la queue s’élargit en son extrémité, comme sur diverses propositions artistiques et le blason ci-dessous.

Dans cette vision héraldique, si l’arrière est bien léonin, les griffes sont celles d’un oiseau de proie.

 

Toutefois, elle éclaire le dessin maladroit des ailes du griffon de Montfrault. De même les prolongements de sa tête vers l’arrière figurent les plumes hérissées de l’animal exprimant sa colère ou son agressivité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Symboliquement, le griffon réunit les caractères des deux animaux qui le composent : la force et la cruauté.

 

 

Parmi les carrelages qui ont été trouvés, ceux-ci :

 

 

 

Montfrault, d’après l’interprétation des plans qu’en donne, par exemple, Bernard Toulier, aurait été construit au XIVe siècle.

Châteaux en sologne, p. 75, 76, l’Inventaire, 1992.

 

Le Griffon est apparu dès la haute antiquité : en Iran, au IVe millénaire, en Egypte. Il semble considéré comme réel.

 

La noblesse du  Moyen-Age se reconnaît dans ses attributs, ce qui souligne la dureté de cette époque.

 

Février-Mars 2010.

 

 

 

 

 

 

 



 

 

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