mottes castrales et enceintes fossoyées


Les lieux réellement fortifiés
sont au nombre de trois sur l'ensemble du massif : deux dans Boulogne, un dans Chambord.

Ils se caractérisent par l'élévation d'une motte avec les matériaux extraits du fossé entourant le site. Ils ont été connus de tous temps par les usagers de la forêt, mais sont restés inconnus de la plus grande partie de la population locale.

La Motte du Bois Margot est située en réalité sur les terres d'une propriété privée, la Hardonnière, mais au plus près de Boulogne, le bord du fossé entourant la motte constituant la limite privé/public. Ce fossé de douze à quinze mètres de large au niveau du sol enferme une motte circulaire d'une cinquantaine de mètres de diamètre. Le fossé ne retient plus l'eau aujourd'hui, une issue lui ayant été donnée vers le sud à travers Boulogne. Comme pour la suivante, un plan a été dressé à la fin du XIXe siècle par J. de St-Venant. Elle était aussi connue sous le nom de Motte du Mont Rabeau. Sans doute un peu étourdi par sa rencontre avec la jolie châtelaine qui lui servait de guide, un archéologue du début du XXe siècle, Ernest-Camille Florance, induit en erreur par cette autre dénomination (Mont-Rabeau) avait conclu un peu vite que deux mottes existaient proches l'une de l'autre. Il s'était même appliqué à les décrire toutes deux.

La Motte de l'Ermitage donne moins dans le spectaculaire. De taille plus réduite, un cercle d'une trentaine de mètres de diamètre, elle s'entoure d'un fossé assez peu profond aujourd'hui et s'enferme dans une deuxième ligne de défense de forme trapézoïdale. La route de Bracieux à Blois écorne l'angle nord-ouest du trapèze. Cette deuxième ligne offre la particularité de s'appuyer sur un parcellaire qui limite un petit domaine en forme de coeur, tout entier au sud de la motte. Quelques tessons recueillis sur la butte permettent de situer sa période active autour de l'an mille.

E.-C. Florance, comme le suggère les légendes des dessins (voir aussi ses textes), faisait -dirait-on aujourd'hui- une petite "fixation" sur les gaulois. Il reprend les plans de Saint-Venant -"J'emprunte son plan", dit-il- mais les publie dans un ouvrage titré "Age du Fer". La description qu'il donne de la Motte du Bois Margot se conclut péremptoirement par : "C'est une ancienne Motte gauloise".

Il faut imaginer ces mottes, couronnées d'une palissade de pieux, avec au centre un donjon de bois. Un pont amovible permet de franchir le fossé. Ce lieu de repli d'une petite communauté de l'an mil qui a ses maisons à l'extérieur est le degré zéro des futurs châteaux forts en pierres. En illustration, visiter le château fort en construction, sur le mode du XIIIe siècle, de Guédelon (à Treigny - 89820) qui présente aussi des maquettes de mottes avec leurs installations ; ou voir : www.guedelon.com/.

Au centre de la moitié sud de Chambord en cours de prospection, la Motte des comtes Thibaut rappelle les comtes de Blois de la maison de Champagne qui furent six à porter ce nom de 945 à 1218. Ce n'est pas en soi un élément suffisant pour lui conférer cette datation. Du fait de sa morphologie, les Xe-XIe siècles semblent pourtant appropriés. C'est la plus imposante des trois, par sa taille (un carré grossier de 75 m de côté), son élévation (2,5 m au dessus du sol environnant), la profondeur et la largeur de ses fossés alimentés par un ruisseau permanent. Bien que largement colonisée par les blaireaux et les sangliers, je n'ai pu y trouver le moindre tesson. Un parcellaire passe au sud très au large de la motte (de 250 à 900 mètres), et se perd, au niveau d'une ligne virtuelle est-ouest passant par celle-ci, dans des terrains très dégradés par les labours et les animaux, ou des dépressions marécageuses. Cependant, un autre domaine se situe au nord-ouest de la motte à moins de 400 mètres. C'est dans cet espace que devait courir la partie disparue (ou non encore repérée ?) du parcellaire. Actuellement, la Motte est cernée par, au nord et à l'est, des labours en planches, au sud par un marécage, à l'ouest par une aire aménagée pour la nourriture du gibier. Il est impossible de savoir si, comme à la Motte de l'Ermitage, le parcellaire venait toucher aux fossés.

D'autres lieux pourraient être qualifiés de semi-fortifiés. Il s'agit d'enceintes fossoyées. Je n'en connais pas dans Boulogne, mais il en existe plusieurs dans Chambord. Des talus et fossés moins importants entourent une plate-forme (ou la limitent sur 3 côtés seulement). Particularité : le talus est parfois à l'extérieur, ce qui constitue une variante peu crédible de l'art de la fortification. On trouve, en général, sur la plate-forme des tessons de tuiles ou de poterie signalant un habitat du XIVe ou XVe siècle comme à la "Saint-Michel", ou du XVIe comme à "La Chapelle du Périou". "Le camp romain", entièrement clos par des talus extérieurs aux fossés, n'a sans doute de romain que le nom.

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Eléments de Bibliographie :
E.-C. Florance, L'archéologie préhistorique protohistorique et gallo-romaine en Loir-et-Cher, 3e et 4e parties, Duguet, 1928.
L.Magiorani,
L. Magiorani, Histoire des métairies du Parc de Chambord, sur ce site.


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