dans Chambord, bûcherons et charbonniers ...

La loge, communément appelée "cul-de-loup", est l'habitat précaire du bûcheron ou du charbonnier qui vivaient sur leur lieu de travail, parfois à l'année, et même avec femme et enfants.

Chambord recèle une grande quantité de loges alors que Boulogne n'en livre que quelques-unes. Sur cette différence, Yannick Maffre, agent à la maison forestière de Thoury, fait remarquer que les taillis de Chambord ont été, de tous temps, compatibles avec la "carbonisation" (fabrication du charbon de bois), alors que les futaies de Boulogne, en place depuis des siècles, ne s'y prétaient aucunement.

Loge
Les amateurs de folklore pourront se reporter au poème patoisant de Paul Besnard intitulé "Le cul-de-Loup". (1905 - Au pays de Sologne, Ed. du Bastion, réed. 1997).
L'U.C.P.S. (Union pour la Culture Populaire en Sologne - 41600 Nouan le Fuzelier), notamment en la personne de Véronique Blot, a recueilli des témoignages de vie auprès des derniers habitants des culs-de-loup, témoignages qu'elle tient à la disposition du public.
(http://ucps.fr.st)

Les restes visibles dans Chambord permettent d'en faire une description précise. Un socle en terre, haut de 20 à 50 centimètres, de forme elliptique, plus rarement circulaire, supporte à sa périphérie un talus d'une hauteur de 40 cm à 1 mètre dont le matériau provient du fossé qui cerne le tout. Les dimensions sont de 9 à 10 mètres de long pour environ 7 mètres de large.
La porte (interruption dans le talus) est le plus souvent au sud, au milieu d'un grand côté. Au nord, en principe, solidement fichée dans le talus, des pierres accompagnées de quelques briques signalent l'emplacement du foyer. Charpente et couverture n'ont pas laissé de traces. D'après les témoignages, il s'agissait d'une charpente sommaire de rondins et de fascines, permettant d'accueillir une couverture en mottes de terre herbues. "La Maison du braconnage" (à 41600 Chaon) a tenté une reconstitution.

Ces restes de loges sont dans des états de dégradation divers. Les responsables de ces dégats sont majoritairement les sangliers, pour qui tout ce qui dépasse du sol doit retourner à la platitude chaotique originelle. Les pierres des foyers ont été dispersées sur le socle ou à l'extérieur, parfois jusqu'à plus de vingt mètres. Le socle peut aussi avoir complètement disparu, la loge se signalant par des pierres et une ou deux briques accompagnées d'un soupçon de talus, voire de quelques fragments de poterie moderne.

Une idée de la datation. Sur les loges encore bien conservées aujourd'hui, on trouve parfois une brique "à cartouche". Ces briques sont apparues à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Les loges plus dégradées seraient donc antérieures.

Les dernières loges, habitées dans leur jeunesse par des gens vivants en 2003, ont subi la marque du modernisme, comme en témoigne la photo ci-dessus prise vers 1930 : utilisation de la planche et du papier goudronné (photo reprise en affiche par l'U.C.P.S., pour son exposition sur "Les gens des culs-de-loup").

Ces états divers de dégradation rendent difficiles dans Chambord l'identification des micro-reliefs. S'agit-il d'une loge, d'un tertre elliptique orienté, d'un petit tertre circulaire ? Sauf dans le cas de loges en bon état de conservation, il n'est pas facile de trancher, d'autant que les autres reliefs ont eux aussi subi la pression animale. Hors les loges identifiées comme telles, il n'y a plus dans Chambord que des tertres indéterminés.

Et quelques aires de carbonisation.
Nouvel objet, entré depuis 2008 dans ma collection, l'aire de carbonisation ressemble beaucoup à une grande loge circulaire. Les différences sont : pas de porte, pas de fossé, et surtout, le talus -rempart contre un feu qui s'évade- est fait de cendres.


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