chemins et domaines,
chemins et ferriers.

Je ne connais pas d'exemple dans ce massif de chemins antiques matérialisés par une chaussée pavée.

Les chemins anciens (médiévaux à modernes) se manifestent autrement, par les traces d'un bombement entre 2 fossés/talus bordiers ; traces furtives, mais qu'on arrive parfois à suivre sur quelques dizaines ou quelques centaines de mètres.

Un coup d'oeil jeté sur des plans anciens {partiel comme le plan de 1671 du Clos (des moines) de Boulogne, ou à trop grande échelle comme des plans de Boulogne de la première moitié du XVIIIe, ou de Chambord de 1600 à 1745}, montre un foisonnement de chemins pour la plupart sinueux. Rien à voir avec les lignes droites d'aujourd'hui (qui apparaissent déjà au XVIIIe), et peu de restes sur le terrain. En moins de trois siècles, ces chemins ont pratiquement disparu.


Ce qui peut faire l'intérêt du sujet, ce sont les rapports entre les chemins et les domaines médiévaux, d'une part, et avec les restes métallurgiques d'autre part.

Les domaines :

Quelques exemples incitent à penser que les chemins contournaient les limites des domaines.

Commune de Neuvy, à l'ouest de l'allée de Montfrault, un parcellaire dessine un angle droit, puis se perd sur une butte. A 500 mètres au nord, le parcellaire de Montfrault trace un grand ovale moitié sur Chambord, moitié sur Boulogne. Entre deux, on peut suivre un chemin, perceptible sur 400 mètres environ (bombement, 2 fossés bordiers), dont l'orientation est compatible avec l'évitement des deux parcellaires cités.

Commune de Huisseau-sur-Cosson, un parcellaire (Les Haies) franchit l'allée de Boulogne et la suit presque parallèlement. Sur son flanc sud, une ancienne allée suit le parcellaire et l'utilise comme fossé bordier.
Sur cette même commune, les deux parcellaires des Haies et de La Chaussée s'approchent l'un de l'autre, vers la limite nord de Boulogne, jusqu'à devenir les deux côtés d'un chemin dont une branche rejoint, à travers les terres, le bourg d'Huisseau.
Comme le montre le plan, il pourrait y avoir continuité entre ces deux segments.

Enfin le plan de 1671 du Clos de Boulogne, montre qu'un chemin (aujourd'hui indécelable) suivait l'extérieur du Clos, dans son approche de la porte de Boulogne (maintenant murée, à l'angle sud-ouest du mur d'enceinte de Chambord).

Les restes métallurgiques.

Il faut lutter contre la tentation d'imaginer ces chemins d'autrefois à la façon des "vicinaux ordinaires" que nous connaissons. Un texte de 1829 (A.D. Loir-et-Cher, 7 M 401) fournit à propos de la route de Mont à Bracieux la description suivante :
" ... la route n'est pas délimitée. Il existe à droite et à gauche une foule de sentiers qui contournent dans le massif... c'est plutôt une voie composée de chemins vicinaux qu'une route proprement dite..."

Le même texte préconise : "... sol sur lequel on ferait édifier une chaussée en sable et en mâchefer, sorte de scorie dont il existe des murgets dans les climats contigus..."

cantons forestiers
amas

D'autres documents (adjudications, affiches) de la même époque ou un peu plus tardifs stipulent les mêmes procédures pour des allées forestières (A.D. Loir-et-Cher 7M435, 536 mètres de chaussée dans le climat des Teillets : allée Marie Leczinska ? 1829 ; allée du Roi de Pologne, 1838) :
"... cette chaussée sera composée d'une première couche en bourrées ou fascines de houx ou épines liées à trois harts. Cette première couche sera recouverte de sable et de mâchefer tassé et battu à la dame. Le sable, le mâchefer, les houx et les épines, ainsi que les harts, pourront être pris en forêt aux endroits indiqués [par les agents forestiers]."

outil manuel de compactage
liens végétaux

Ainsi, ce sont des dizaines de milliers de mètres cubes de scories qui ont disparu dans les chemins. On ne trouve plus guère de scories le long de la route de Bracieux à Mont. L'amas des Teillets n'a plus qu'un ferrier d'une trentaine de mètres de diamètre et de moins d'un mètre de hauteur, tandis que des scories sont éparpillées sur presque deux hectares. Ceux gallo-romains situés dans le Clos des Moines ne laissent plus deviner que les emplacements qu'ils occupaient : 62 mx62 ; 62mx 51 ; 53mx32. Seul un petit amas, à 400 m de l'allée, a une épaisseur et peut encore être qualifié de ferrier.

Inversement, on trouve encore des ferriers proches d'allées dont on sait par ces mêmes documents que les travaux de renforcement des chaussées ont été, alors, abandonnés.

Cette époque de démantèlement des ferriers aura donc commencé ici en 1829. A partir de 1840, il ne semble plus dans les adjudications être question que de chaussées en sable. Période de 10 années de pillage qui ont fait disparaître quantité de ferriers, et, à terme, complètement ignorer l'importance de la production de fer dans ces forêts.

C'est le déficit en scories, ou, dit autrement, le nombre important de fosses d'extraction de minerai auxquelles on ne pouvait associer aucun ferrier qui m'a alerté, et incité à chercher ailleurs (aux archives départementales) les raisons de ce manque.

 


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