auxiliaires animaux et végétaux

 

Précieux auxiliaires.


Certains ont déjà été évoqués comme les
sangliers de Chambord, qui, par les fouilles qu'ils font, remontent à l'air libre toutes les tuiles gallo-romaines du pays. Ce sont des auxiliaires très destructeurs.

Il en est d'autres auxquels on pense moins, parce que ce sont pour la plupart d'entre nous des animaux presque exotiques : les blaireaux. Ils creusent en sous-sol tout un réseau de galeries rapidement repérables aux buttes de déblais qui les surmontent. Et parmi les déblais, parfois, surprise, des tuiles, des tessons.

Troisième type d'auxiliaires à pattes : les taupes. Pour ce qui est de vous mettre sous le nez des tessons ou des scories, elles sont championnes. Je leur dois un nombre significatif de sites d'habitats ; et de ferriers détruits, qui ne sont plus repérables aujourd'hui par une élévation au dessus du sol, seulement par les scories résiduelles abandonnées par ceux qui étaient chargés de les épandre dans les chemins. (en page "Métallurgie", autre photo d'une taupinière montrant des scories).

Tous ces aides diligents mettent à nu quelques mètres carrés de terre, qu'on ne peut se permettre de négliger.



Le vent, destructeur aussi, couche des arbres. Pour le sylviculteur, le chablis est l'arbre entier ; pour l'archéologue, il s'agit de la souche et de la terre prise entre les racines. On peut y trouver ce que le sol environnant contient aussi. Ils m'ont valu une dizaine de villages, notamment ce site bronze/fer dont deux vases sont dessinés en page "habitats".

Quelques végétaux fournissent des indices d'une fiabilité variable. Outre la ronce et l'ortie, que tout le monde connaît et que l'on trouve en quantité dans Chambord sur les emplacements des anciennes métairies, on peut citer la petite pervenche (vinca minor), le fragon (ruscus aculeatus) et l'euphorbe des bois (euphorbia amigdaloïdes).

Ce dernier hante les sols remués, pas forcément anciens, les talus, les chablis effondrés, mais on le trouve aussi sur des zones d'habitat.

La petite pervenche, comme l'indique une étude sur les rapports entre la végétation et les habitats et intitulée "Ethnobotanique et Archéologie", est réputée comme étant un marqueur sûr. Dans Boulogne, ils existe des zones importantes peuplées de petites pervenches, et je pense notamment à l'une d'elles située près d'une source. Mais le pouvoir couvrant de ces végétaux est tel qu'il n'y a qu'un chablis pour y révéler quelque chose.

Le problème est semblable pour le fragon, ou petit houx, photographié ici isolé. Il est présent sur de nombreux sites d'habitats et aussi sur de nombreux ferriers (encore que certains en soient totalement dépourvus), parfois avec une densité incroyable. J'ai supposé un moment qu'il y avait une relation directe entre cette plante et les occupations humaines. Je pense aujourd'hui qu'il y a seulement un phénomène de convergence : plante des terrains bien draînés, on la trouve en des endroits que les hommes ont choisi pour y établir un habitat, précisément parce qu'ils cherchaient des lieux s'égouttant facilement. Toutefois, les habitats comme les ferriers ont concentré des cendres (potasse). Bien que cette opinion soit contestée par certains botanistes, d'autres disent aussi que le fragon est une plante des terrains riches en potasse.

Enfin, des chercheurs de l'Inra du centre de Champenoux, près de Nancy, Etienne Dambrine, biogéochimiste, et Jean-Luc Dupouey, phyto-écologiste, concluent que la forêt se porte mieux dès lors qu'elle pousse sur d'ex-terres agricoles qu'elles soient récentes ou vieilles de 2000 ans. Pour eux l'abondance du muguet, de la néottie nid-d'oiseau ou de l'asperge des bois signale à coup sûr une forêt très ancienne ; tandis qu'une forêt repoussée sur d'anciens champs cultivés se signalera plus volontiers par les orties, le géranium herbe-à-Robert, la pervenche ou le groseiller à maquereau.


Eléments de bibliographie :
S. Crozat, Ethnobotanique et Archéologie, in La Botanique, collection "Archéologiques", collectif sous la direction d'Alain Ferdière, Errance
F. Gruhier, La mémoire des arbres, Le Nouvel Observateur, novembre 2002, p. 108-110.

Dambrine, Dupouey et alii , actes du colloque INRA 2004, La Mémoire des Forêts (Adresse de téléchargement en page d'accueil).

 

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