des fiefs repris et réintégrés dans ledomaine comtal au XIIIe siècle

Des talus, doublés de fossés courent en tous sens et cloisonnent la forêt. Personne ne savait ce qu'ils signifiaient. Un agent forestier me parla de "limite de séries", une série étant une zone forestière où la croissance des arbres se fait plus ou moins rapidement que dans la série voisine. Pour avoir la clé du mystère, il fallait cartographier ces talus, relever sur la carte la position du fossé par rapport au talus et voir si elle avait une signification.

Après cartographie, on ne se pose plus guère de questions. Les talus enclosent des parcelles ; le fossé (trait vert foncé) désigne en principe l'extérieur. En principe, puisqu'une parcelle située entre deux autres, à moins de bénéficier d'un double talus (très rare : deux cas dans Boulogne), ne peut qu'avoir un ou plusieurs côté(s) bordé(s) d'abord par un fossé. Prenez des crayons de couleur et essayez.
L'ensemble "talus-fossé" est un parcellaire. Par définition, il constitue une marque dissymétrique, large de trois mètres environ, pour laquelle il faut bien définir où est exactement la limite de propriété. Toujours utilisés (Boulogne est en beaucoup d'endroits limitée par un parcellaire), les parcellaires sont associés à des dires paysans comme "Qui tient le haut, tient le bas".

Centré sur l'emplacement de l'ancien château de Montfrault (château situé dans Chambord, au sud-est de l'étang de La Fontaine), le domaine de Monfrault se date du Moyen-Age (voir "Les forêts/ Histoire"). Les archives le concernant sont datées des XIIe et XIIIe siècles. "En avril 1233, Gautier d'Avesnes donne à la maison de l'Aumône de Blois une rente... en échange du château de Montfrault et ses appartenances, terres, vignes, etc..." (Jean Martin-Demézil). Gautier d'Avesnes est le troisième époux de Marguerite, fille du comte de Blois Thibaud V. Gautier sera comte de Blois jusqu'en 1234. Dès 1233, donc, Montfrault réintègre les biens propres du comte, et les parcellaires qui le délimitent encore aujourd'hui ont perdu leur fonction depuis près de 800 ans.

Sur les comtes de Blois, voir http://www.francebalade.com/blois/ctblois.htm

Une trentaine de domaines ont été cartographiés dans Boulogne et Chambord, dont certains, comme Montfrault, s'étendent des deux côtés du mur d'enceinte. Si ce travail est achevé pour Boulogne, ce n'est pas le cas pour Chambord où d'autres parcellaires attendent de trouver une image sur le papier.

Comme on peut le supposer, certains de ces talus s'arrêtent brutalement en limite de la forêt. Au delà, ce sont des labours qui les ont effacés. Un peu frustrant, évidemment.

Entre les domaines, du terrain libre (qui restait propriété des comtes de Blois). Ces anciens fiefs n'ont jamais de limites communes. Du terrain libre, avec des chemins.

Le lien avec l'histoire de ces différents territoires est fait pour deux d'entre eux (notamment à travers les travaux de J. Martin-Demézil) : Montfrault et le Clos de Boulogne. La mise en relation des résultats de terrain et les recherches en archives tentera-t-elle un autre historien ?

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Eléments de bibliographie :
L. Magiorani, Prospection archéologique : des domaines antérieurs au XIIIe s. en forêt de Boulogne (L.-et-C.), sur ce site, et, Bulletin du G.R.A.H.S., t. 25, n° 1, janvier-mars 2003, p. 1-20.


Bilan Générique

Situation
Habitats
Métallurgie
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Domaines
Etangs
Tertres
Prieuré
Enigmes
Métairies
Loges
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