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La difficulté de traiter d'un tel sujet tient moins à l'absence de documents qu'à leur abondance ou leur évidence.
Le paragraphe "situation" donne quelques pistes pour découvrir ces dix mille hectares de forêts. Elle présente l'ensemble Boulogne-Chambord dans un environnement proche. Une carte routière couvrant une zone de Blois à Orléans vous permettra une vision plus élargie.
Quant à l'approche historique",
elle ne fait allusion qu'au moins connu d'une histoire qui tourne autour
des Châteaux de la Loire et des Rois. Il n'entre pas dans mes intentions,
par exemple, d'ajouter ma voix à celles des multiples historiens
qui ont raconté, dépeint, illustré le Château
de Chambord.
En attendant d'avoir, dans les pages "découvertes",
un regard issu de l'inventaire archéologique
réalisé (et toujours en cours), voici deux éléments
ayant trait au cadre dans lequel j'évolue au cours de mes prospections.
En outre, je me dois de citer deux sociétés
savantes qui ont publié une quantité incroyable d'études
très documentées :
- la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher, à
Blois,
- le Groupe de Recherches Archéologiques et Historiques de Sologne
(G.R.A.H.S.), à Lamotte-Beuvron.
Situation : France, Loir-et-Cher.
Au nord de la Sologne, dans la boucle de la Loire qui s'arrondit de Gien à Blois, au sud-est de Blois, plusieurs forêts domaniales (Russy, Chambord, Boulogne) sont installées sur les sables, graviers, argiles (qui s'étalent sur un substrat calcaire relevé à l'ouest) plus propices à leur développement qu'à l'agriculture.
Boulogne et Chambord, propriétés de l'Etat, forment un massif d'un seul tenant,
de près de 10 000 hectares. Elles ont pourtant une limite commune
très précise : le mur qui cerne le parc de Chambord, en
place depuis le XVIe siècle. Chambord a, grossièrement,
la forme de Paris intra-muros ; Boulogne, celle d'un croissant situé
au sud et qui déborde Chambord largement à l'est et à
l'Ouest.
Des prospections systématiques ont
été réalisées dans Boulogne (quasi
totalité des 4000 hectares) et Chambord (la
moitié des 5500 hectares).
Pour une
approche encore plus détaillée, consulter
les cartes I.G.N. au 1/25000 e, n° 2121O et 2121E.
Géologiquement, l'ensemble
du massif est partagé par une ligne nord-est/sud-ouest. Cette ligne
imprécise doit son imprécision à un paramètre
: la profondeur du manteau calcaire qui sera celle que l'on choisit pour
tracer la limite entre les deux zones. Il est évident que l'on
passe insensiblement de l'une à l'autre.
L'opposition n'est franche qu'entre les deux extrémités
du massif.
A l'est, on trouve le sol classique de Sologne : argiles, sables et graviers.
De cette ligne vers l'ouest le calcaire remonte
progressivement jusqu'à apparaître en surface : on découvre
alors un relief karstique de
plus en plus marqué : effondrements (comme
en témoigne la photo de la page d'accueil), fissures et
trous dans le sol, réseau souterrain dont on peut suivre la trace
en surface en cartographiant les dolines. L'une d'elle sert même
d'égoût à un fossé d'assainissement. Un lieu-dit
du Domaine de Chambord est très évocateur : "Les Gouffres".
prospections systématiques
: un passage tous les 25 mètres en moyenne (voir : les techniques/balisage).
Appoche historique : Il s'agit ici de quelques éléments d'histoire émanant du dépouillement d'archives déja publiées, connues des seuls spécialistes.
Boulogne et Chambord, au Xe siècle, n'étaient évidemment séparés par aucun mur. Propriété des comtes de Blois ("in foresta vero mea que Bolonia dicitur" ; charte de 1215 ; rapporté par Bernier, puis par Martin-Demézil), elle était dite "Bolonia". Le système féodal, par l'attribution de territoires aux vassaux, découpa Bolonia en domaines d'importances diverses, dont aucun n'avait de limite commune avec un voisin. Les comtes de la maison de Champagne, qui avaient en main le comté depuis 945, firent revenir dans leur domaine propre la plupart de ces terrres vassales, en procédant, pendant tout le XIIIe siècle, à des rachats, des échanges contre des terres situées ailleurs ou des versements de rentes. (D'après J. Martin-Demézil).
Terre de chasse des comtes, elle fut dotée de constructions plus
ou moins précaires dont la moins méconnue est le château
de Montfrault. Situé à l'angle sud-est du Parc,
son aspect final nous est parvenu par les dessins faits en 1778 avant
sa destruction.
Watriquet de Couvin, ménestrel (1290-1340), en précise quelques
détails dans une pièce en vers intitulée "Le
tournoi des dames" : "... Qu'en la grant
chambre et en la sale Qui n'est pas petite ne sale Pour asseior plente
de gant, Li dois est besantez d'argent Et pointurez de vermillon ..."
[... dans la grande chambre et dans la salle qui
n'est pas petite mais propre à asseoir plein de gens, le toit (plafond)
est décoré de besants (figures rondes en forme de pièces)
d'argent et peint de vermillon]. (D'après
B. Toulier).
Autre fief, attesté par des actes datés de 1252, 1380... : "La Rue aux Daims". Francois 1er y signa des lettres patentes le 28 septembre 1526. Alors maison seigneuriale dépendant du comté de Blois, "les Riaudins" furent rebâtis en 1547 (A.N. Q1 463).
Eléments de bibliographie :
J. De Croy, Nouveaux documents pour servir à l'histoire de la création des résidences royales des bords de la Loire, Paris 1894.
J. Martin-Demézil, Les forêts
du Comté de Blois,
Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de
Loir-et-Cher, 34e vol. ; 1963.
M. Chatenet, Chambord, Editions du Patrimoine, 2001.
J.-J. Boucher, Chambord, Lanore,1980.
B. Toulier, Châteaux en Sologne, L'inventaire,
1992.
Bernier, Histoire de Blois, 1682.
A. Prudhomme, Les paysans de Chambord ou l'envers du décor, Mémoires
de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher, t. 53 ; 1998.
L. Magiorani, Un
plan du parc de Chambord à la fin de l'Ancien Régime : le
rêve Polignac, sur ce site, et, Bulletin du G.R.A.H.S.,
t. 27, n° 4, octobre-décembre 2005.
L. Magiorani, Chambord en 1547, sur ce site.
L. Magiorani, Les moulins de la Chaussée et l'Etang de Chambord, à partir de 1248, sur ce site.