TECHNIQUES
le hasard ne fait pas partie de l'aventure
La forêt est un milieu qui s'oppose tant qu'il le peut aux tentatives de prospection. L'auriez-vous deviné ? Il y a des arbres, mais pas seulement. Aussi des fougères, des ronces, d'autres végétaux, et, au sol, des monceaux de feuilles. La terre à nu, cela n'existe pas.
Pourtant des techiques récentes, le lidar, permettent d'envoyer tout ce qui suit au rayon de la préhistoire.
Retrouver un tesson dans ce fatras représente une vue de l'esprit.
Et pourtant,... il s'en trouve. Alors ?
Ce terrain, arc-bouté sur ses défenses, a aussi ses faiblesses
: l'homme seul que je suis a aussi quelques auxiliaires sur le terrain.
Une des moins médiocres de ces défenses est la dimension.
C'est grand, grand... même si l'O.N.F. a découpé cette "vastitude" en parcelles. Une parcelle,
sauf dans Chambord où l'on a taillé plus serré, c'est
15 à 25 hectares, sans parfois le moindre layon qui vienne la fragmenter.
Prospecter, c'est vouloir tout voir. Pas question d'y aller comme aux
champignons. L'usage de la boussole semble une évidence, mais les
praticiens de la course d'orientation savent bien que, même à
la boussole, on ne va pas obligatoirement où l'on veut. Droit devant,
ce n'est pas concevable. En forêt, comme en mer, il n'y a pas de
navigation sans dérive. Alors ?
Alors, il faudrait marquer son chemin avant de le
suivre. Stupide ? mais
non.
Au fil de ces pages, vous avez pu constater que si je suis souvent seul sur le terrain, cette entreprise est collective. Déjà j'ai eu quelques prédécesseurs : De Saint-Venant, Florance, qui au delà de leurs interprétations
enthousiastes et hâtives ont laissé des plans et des écrits.
Avant de me lancer dans cette aventure, j'avais suivi une formation aux techniques de fouille et d'analyse. J'ai gardé les contacts
et d'autres sont venus s'ajouter au fil des années.
Ces découvertes n'ont pu être réalisées que
dans le cadre de prospections soumises à l'autorisation du Service
Régional de l'Archéologie (D.R.A.C.) d'Orléans. Sur
ma demande, je reçois une autorisation annuelle, conformément
à la législation en vigueur.
Les hommes, je veux dire ceux de l'histoire ou de la préhistoire, aident aussi. Quand leurs ouvrages recoupent les traces de ceux qui les ont précédés, ils rendent possible des datations relatives, et permettent ainsi de rendre à certaines époques ce qui leur appartient.
Mais au fil des kilomètres à pied à travers bois, je m'aperçois d'autre chose : prospecter n'est qu'un moyen. La vraie finalité, c'est comprendre un paysage, en incluant la dimension historique. Quand on y parvient, d'autres pièces du puzzle trouvent leur place.